Un dispositif très simple est au cœur de la nouvelle politique de prévention des risques de KSM Production, une PME de 130 salariés qui fabrique des portails en aluminium à Argelès (Pyrénées-Orientales). « Chaque salarié, dès qu’il constate un risque potentiel, remplit une fiche pour le signaler et proposer une solution. Tous les dix jours, le CHSCT examine le registre des “presqu’accidents”, et donne une première réponse individuelle au salarié, pour préciser si le problème peut être traité et dans quel délai », explique Abdelali Chaoui, responsable qualité, sécurité, environnement.

Le point sur les réponses apportées se fait également de manière collective, lors d’une réunion trimestrielle, où le personnel est informé de l’évolution des risques dans l’entreprise et des aménagements prévus ou en cours. Enfin, les équipements sont testés et validés par les salariés avant d’être adoptés.

Dès cette année, la prise en charge par les salariés de la question des risques et des solutions à apporter sera renforcée par la démarche de prévention des risques liés à l’activité physique (Prap). Lui-même formateur Prap depuis peu, le responsable de la sécurité prévoit en effet de former un premier groupe de quatre à six salariés au cours du premier semestre 2011. L’objectif est qu’ils analysent eux-mêmes leur poste de travail, qu’ils identifient les risques et proposent des solutions, puis engagent des actions, avec l’aide du CHSCT. Les aménagements seront ensuite dupliqués sur les postes similaires.

La société KSM compte ainsi réduire rapidement les accidents du travail et les risques de troubles musculo-squelettiques dans ses usines. Le fabricant de portails en aluminium est en effet confronté à des difficultés récurrentes, liées à la manutention d’objets lourds et aux gestes répétitifs à tous les stades de la production, depuis la réception des profils jusqu’à l’emballage des portails.

Les efforts importants entrepris depuis le début des années 2000 n’ont pas suffi : investissements lourds pour supprimer la manutention, organiser et automatiser les tâches les plus dangereuses et les plus répétitives, formation de sauveteur secouriste du travail suivie par vingt salariés, tutorat pour les nouvelles recrues… En 2009, les accidents du travail ont atteint un niveau record (23 au total). Et en 2010, un cas de TMS était déclaré.

Cependant, la nouvelle poli-tique de prévention engagée, conjuguée avec l’aménagement des postes les plus pénibles sur les conseils d’un ergonome intervenu en 2009, commence à porter ses fruits : les accidents du travail ont diminué de 30 % en 2010. Le médecin du travail estime les premiers résultats « prometteurs ».

Selon Pascal Haltebourg, technicien de la Carsat, « cette démarche participative a amélioré le dialogue social. Les salariés parlent plus facilement ».

Et s’ils sont à l’initiative d’une amélioration de leurs conditions de travail, « ils s’approprient ensuite plus aisément l’outil mis en place », souligne le responsable de la sécurité.