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Les pratiques

AllemagneVictoire des syndicats contre le dumping salarial dans le rail

Les pratiques | publié le : 08.02.2011 | MARION LEO

Les syndicats ont obtenu une convention de branche qui s’applique à tous les salariés du transport ferroviaire régional et qui met fin aux pratiques de dumping salarial.

A peine créé, le nouveau syndicat du chemin de fer et des transports (Eisenbahn- und Verkehrsgewerkschaft – EVG), né le 1er décembre 2010 de la fusion du syndicat du rail majoritaire, Transnet (250 000 adhérents) et du petit syndicat GDBA (42 000 adhérents), a remporté son premier succès. Le 17 janvier 2011, le syndicat annonçait avoir conclu avec la Deutsche Bahn (DB) et ses six principaux concurrents privés (Abellio, Arriva, Benex, Hessische Landesbahn, Keolis, Veolia Verkehr), pour la première fois dans l’histoire du rail allemand, une convention collective de branche valable pour les 35 000 salariés travaillant dans le transport ferroviaire régional. « Nous avons obtenu ce que beaucoup considéraient comme impossible : mettre un terme aux pratiques de dumping salarial dans le transport ferroviaire régional », s’est réjoui Alexander Kirchner, président du syndicat EVG.

Cet accord est le fruit d’une bataille engagée il y a près de deux ans. Aux yeux des syndicats du rail, la libéralisation des transports ferroviaires régionaux outre-Rhin s’est essentiellement traduite par un accroissement du dumping salarial. Les appels d’offres pour l’exploitation de lignes régionales sont en effet de plus en plus souvent remportés par des sociétés ferroviaires privées, proposant des salaires inférieurs de 10 % à 20 % à ceux de la Deutsche Bahn. Pour résister à cette nouvelle concurrence, la DB a elle-même créé près de 17 filiales privées, non soumises à ses propres accords collectifs et pratiquant le dumping salarial.

Négociations laborieuses

En juillet 2010, Transnet et GDBA démarrent les négociations collectives avec la DB et les opérateurs privés, avec un objectif clair : obtenir un accord collectif de branche pour tous les salariés du secteur, qui s’alignerait sur les barèmes élevés pratiqués par la DB. A l’issue de négociations laborieuses, d’une grève d’avertissement massive et de deux procédures de conciliation menées en parallèle, les partenaires sociaux parviennent, le 17 janvier, à se mettre d’accord sur le contenu d’un accord de branche.

Cette convention, entrée en vigueur le 1er février, prévoit qu’à compter du 1er mai 2011, toutes les entreprises qui répondront à un appel d’offres pour l’exploitation d’une ligne régionale devront respecter les minima salariaux prévus par la convention. Autre succès : les salaires contenus dans la convention de branche se rapprochent fortement du niveau des salaires de la DB. Quant aux accords moins avantageux déjà conclus par les sociétés privées, ils devront peu à peu être ramenés au niveau fixé par la convention collective.

La GDL veut un accord plus avantageux

Toutefois, cet accord ne signifie pas pour autant un retour de la paix sociale dans le secteur. Car le petit syndicat corporatiste des conducteurs de train GDL négocie, lui aussi, depuis juillet dernier avec la DB et les six sociétés privées un accord de branche analogue pour tous les conducteurs de train employés sur les lignes régionales, les grandes lignes et les lignes de fret. Or la GDL a annoncé, le 21 janvier 2011, que les opérateurs privés voulaient étendre aux conducteurs de train l’accord conclu avec l’EVG.

Il s’agit d’une « provocation », a dénoncé la GDL, rappelant qu’elle représentait plus de 80 % des conducteurs de locomotive et était donc la seule à pouvoir conclure des accords pour eux. Bien décidée à imposer un accord collectif plus avantageux, la GDL a averti qu’elle voterait, le 3 février, le lancement d’un mouvement de grève.

Auteur

  • MARION LEO