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En action sur tous les fronts

Enquête | publié le : 25.01.2011 | VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

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En action sur tous les fronts

Crédit photo VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

Avec un effectif important, majoritairement ouvrier et sur des métiers physiques, le groupe Pizzorno Environnement doit négocier sur tous les sujets obligatoires. Pour limiter les coûts… mais pas seulement.

Spécialisé dans le traitement des déchets et la propreté, le groupe Pizzorno Environnement emploie 4 000 personnes en France (sur 7 000) dont 80 % d’ouvriers. « Nous sommes concernés par toutes les obligations assorties de pénalités », assure Valérie Mirrione, DRH. Ayant un peu moins de 6 % de travailleurs handicapés (TH), le groupe verse encore près de 190 000 euros de contribution à l’Agefiph. « En 2007, c’était 300 000 euros : une perte sèche, car nous n’en faisions pas un levier de performance. »

Première action : remettre à jour les dossiers de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) et, pour ceux qui voudraient faire reconnaître un handicap, assurer la confidentialité. Avec un plan de communication, ces décisions ont permis de gagner trois points : de 3 % de handicapés, Pizzorno est passé à presque 6 %.

Deuxième action en 2009 : identifier, grâce à un diagnostic, les problèmes sur chaque poste de travail. Pour y apporter des solutions, un accord d’entreprise – bientôt signé – prévoit d’utiliser en interne la contribution Agefiph.

Pénalités en fonction des résultats

« Sur le handicap, j’accepte que nous soyons notés et pénalisés en fonction de nos résultats, concède la DRH. Mais ce qui me révolte, c’est la menace de payer 1 % de notre masse salariale – soit 460 000 euros – si nous ne signons pas d’accord sur les seniors ou sur la pénibilité. Un DRH un peu fûté ou ayant des partenaires sociaux complaisants peut très bien faire accepter en 5 minutes un accord vide, en promettant de redonner en salaires ce qu’il ne verserait pas à l’Etat ! » C’est pourquoi l’accord seniors que le groupe a signé en 2009 comporte un engagement concret : celui de maintenir à 15 % le taux de plus de 55 ans. « Comme notre pyramide des âges est équilibrée et que l’entreprise grossit, nous allons en recruter de plus en plus », commente Valérie Mirrione.

Aujourd’hui, elle anticipe l’obligation en matière de pénibilité : « Sur ce sujet, avant que la branche ne négocie, nous pouvons déjà déterminer au sein de l’entreprise comment diminuer les risques, donc aussi les accidents du travail et les inaptitudes. » Dès 2010, l’entreprise a confié à la société de certification Dekra une évaluation des risques physiques et psychosociaux par poste : « Pour une meilleure prévention, il faut aborder les deux en même temps », estime la DRH. Chacun de ces risques a été coté en fonction de sa fréquence et de sa gravité puis, pour ceux dont le niveau est jugé « insupportable », des solutions sont mises en œuvre (des rampes antichutes, par exemple).

Pour les risques psychosociaux, l’Anact a conduit une étude par population cible : « Il s’agit d’observer si les personnes en contrat précaire prennent des risques en vue d’obtenir un CDI ou si les salariés expérimentés oublient toute précaution, si les femmes conduisent plus dangereusement que les hommes ou inversement, etc. », commente-t-elle. Pour y répondre, Phosphore, un autre cabinet, effectue des mesures.

Calendrier chargé

« Notre calendrier de négociation est tellement chargé que nous ne pouvons plus travailler sur la prospective, prévient-elle. Nous risquons de renoncer à négocier des sujets tels que l’intéressement ou l’évolution des compétences à dix ans. » Dans ce contexte, la DRH voit la maîtrise des coûts prendre une place majeure dans ses missions. « Chaque année, on me demande des comptes sur la maîtrise financière. Les frais de personnel étant le premier poste de dépenses, si je n’anticipe pas les risques d’alourdissement de la masse salariale, je peux très vite détériorer la marge de l’entreprise », explique Valérie Mirrione. Seule solution : être à la fois DRH, directeur RSE, diversité et bien-être au travail, afin de répondre « naturellement » à toutes ces contraintes légales.

PIZZORNO

• Activité : traitement des déchets ménagers et industriels.

• Effectif monde : 7 000 salariés (4 000 en France).

• Chiffre d’affaires : 168,5 millions d’euros en 2009 (159 millions en France).

Auteur

  • VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE