En vingt ans, comment la population cadre a-t-elle évolué ? D’après une étude présentée le 24 novembre par l’Apec, elle est devenue plus nombreuse - passant de 2 à 3,5 millions -, plus féminisée - 34 % des effectifs, contre 23 % en 1990 -, mais aussi plus précaire : 44 % des cadres ont déjà occupé un emploi en CDD contre 7 % il y a vingt ans.

S’ils sont satisfaits de leur situation professionnelle, en ce qui concerne la relation avec la hiérarchie, la rémunération ou encore les perspectives de carrière, 51 % des cadres jugent toutefois qu’elle a évolué défavorablement, contre 12 % en 1990.

Une tendance à mettre sur le compte de la crise actuelle, mais pas seulement : sont ainsi soulignées la “vision court-termiste” des dirigeants et l’augmentation de la pression, qui modifie l’organisation du travail. Du coup, les cadres prennent leurs distances avec l’entreprise. Ils ont moins le sentiment de « pouvoir influencer la vie de l’entreprise » qu’auparavant, se sentent plus isolés et jugent que « les décisions en matière de stratégie leur échappent ».

« Ils portent un regard sévère sur les cadres dirigeants liés aux actionnaires, et se sentent plus proches du reste du collectif de travail », résume Jacky Chatelain, directeur général de l’Apec.

Tout en estimant, à 53 %, que la stratégie de leur entreprise va dans le bon sens, les cadres sont « circonspects vis-à-vis des pratiques de leurs dirigeants en matière de gestion des ressources humaines » : la moitié seulement pensent qu’ils sont attentifs aux conditions de travail des salariés ; 42 % qu’ils se préoccupent de l’avenir des salariés ; 35 % qu’ils se soucient des impacts humains de leurs décisions…

Pour Jacky Chatelain, ce regard désabusé vis-à-vis de l’entreprise, mais aussi de la fonction RH, crée chez les cadres le besoin d’avoir un conseil extérieur pour construire leur évolution de carrière. Partant de ce constat, l’Apec vient de lancer un service d’accompagnement personnalisé à distance pour les aider dans leurs démarches de mobilité.