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Vigilancesur les open spaces

Enquête | publié le : 19.10.2010 | H. T

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Vigilancesur les open spaces

Crédit photo H. T

Pour se faire entendre lors d’une vaste opération de réorganisation des bureaux, le CHSCT du Crédit foncier a dû faire appel à un cabinet de conseil.

Après sa fusion avec l’organisme de crédit immobilier Entenial (intervenue en 2005) et une période d’ajustement des effectifs, le Crédit foncier a décidé de rationaliser ses espaces de travail franciliens. L’objectif étant de résilier une partie des baux sur Paris intra muros afin de regrouper le maximum de personnel sur le site de Charenton (94). Les déménagements, qui ont concerné plus de 1 000 salariés, ont débuté en septembre 2008. Difficile, cependant, pour le CHSCT de faire valoir son point de vue sur les différents volets de cette opération complexe.

« La direction se retranchait derrière une charte, qu’elle avait d’ailleurs édictée sans nous mettre dans la boucle, et ne jugeait pas utile de nous consulter pour les mobilités effectuées sur un même site », raconte Valérie Fix, secrétaire du CHSCT de Paris-Ile-de-France. Mais selon elle, l’entreprise était elle-même contrainte de déroger à sa charte, dont les règles d’aménagement, centrées sur un développement des espaces ouverts, se préoccupaient davantage des niveaux hiérarchiques que des spécificités métiers.

6 à 11 mètres carrés par collaborateur

« Par endroits, la surface oscillait entre 6 et 11 mètres carrés par collaborateur. Sans la possibilité de faire des préconisations préalables, nous ne pouvions que constater les problèmes après coup et demander à l’entreprise de modifier certains aménagements. »

C’est après le déménagement de deux services importants – la DRH et la comptabilité – que le CHSCT a pris le parti de faire appel, en décembre 2008, au cabinet Aepact pour l’accompagner sur les aspects techniques et réglementaires des aménagements de l’espace de travail. Un moyen également de se faire entendre. « Nous ne sommes pas encore totalement pris au sérieux. L’écoute est plus attentive lorsque c’est un expert qui parle », constate Valérie Fix.

Prise en compte des besoins particuliers

Selon la secrétaire du CHSCT, la direction a réagi de manière plutôt positive, en instaurant au fil du temps une réelle information-consultation du CHSCT sur les déménagements de chaque service, qu’ils soient intra ou intersites. « Au début, nous avons dû nous fâcher un peu pour pouvoir disposer des documents à jour dont nous avions besoin. Mais la direction et les salariés ont reconnu que nos interventions permettaient d’améliorer les choses avec, notamment, la prise en compte des besoins particuliers de certains métiers qui ne peuvent s’exercer en open space. »

D’abord perçue comme le grain de sable qui risquait d’enrayer la mécanique, l’action du CHSCT a finalement mis de l’huile dans les rouages. Le dialogue a cependant toujours beaucoup de mal à s’instaurer. De fait, le CHSCT s’est également adressé à Aepact, fin 2009, pour mener cette fois une expertise “risque grave” suite à la réorganisation mal ficelée d’un service, après avoir plusieurs fois alerté la direction. « En fin de compte, nous avons réussi à mener un travail efficace avec les responsables », estime-t-elle.

Délit d’entrave permanent

Mais le Crédit foncier a enclenché de nouvelles transformations et, avec un changement à la présidence du CHSCT, Valérie Fix s’attend à de nouvelles batailles pour faire respecter les prérogatives de cette institution. D’autant que le Code du travail manque de précision dans ce domaine, regrette-t-elle. « Le chemin est long. Nous sommes presque tout le temps confrontés au délit d’entrave. Nous pouvons toujours aller devant les tribunaux, ce que nous n’hésiterons pas à faire si nécessaire, mais le CHSCT n’est pas, dans son principe, une instance d’opposition. Son objectif est d’améliorer les conditions de travail en étant force de proposition. A lui de démontrer son efficacité. » Contactée à plusieurs reprises, l’entreprise n’a pas donné suite.

CRÉDIT FONCIER

• Activité : financement de projets immobiliers.

• Effectifs : 3 385 collaborateurs (dont environ 2 200 en région parisienne).

• Produit net bancaire 2009 : 999 millions d’euros.

Auteur

  • H. T