logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

Les CHSCT s’invitent dans les projets de restructuration

Enquête | publié le : 19.10.2010 | HÉLÈNE TRUFFAUT

A Evreux comme à Marly-le-Roi, les CHSCT se sont penchés, expertises à l’appui, sur le sort des rescapés des plans de restructuration du laboratoire pharmaceutique.

La nouvelle tombe début 2009 : près de 800 postes sur un effectif de quelque 1 700 salariés seront supprimés d’ici à 2012 sur le site d’Evreux de Glaxosmithkline (GSK). Une restructuration d’envergure qui touche à 90 % la production du laboratoire pharmaceutique (l’essentiel de l’activité du site), mais également une partie de la R & D. Et dont l’impact sur la future organisation du travail suscite de vives inquiétudes. Outre une réduction des effectifs sur chaque ligne de production, l’entreprise prévoit en effet de mutualiser certains postes pour créer des équipes volantes.

« C’est le comité central de l’unité économique et sociale (CCUES) GSK qui nous a sollicités pour évaluer les conséquences de ce PSE sur les conditions de travail, raconte James Annette, qui arrive aujourd’hui au terme de son mandat de secrétaire du CHSCT d’Evreux. Nous avions identifié plusieurs problèmes : intensification du travail, risques accrus de TMS et de stress… Mais nous avions besoin d’une méthode d’analyse et d’éléments concrets pour étayer notre avis. »

Risques ergonomiques

Au printemps, le CHSCT fait appel à Secafi (groupe Alpha), déjà chargé par le CCUES d’analyser le volet économique de la restructuration. Face à l’urgence, priorité est donnée à l’examen prospectif des risques ergonomiques, les risques psychosociaux devant faire l’objet d’une seconde mission d’expertise après restructuration. « Les résultats de l’étude ont confirmé nos craintes et démontré que la nouvelle configuration risquait de déstabiliser la production », indique James Annette.

S’il n’y a pas eu de remise en cause globale du plan de réorganisation, l’action conjointe du CCUES et du CHSCT, sur la base du double rapport d’expertise, a tout de même permis de sauver quelques dizaines de postes. « La direction avait également initié une réflexion sur la réduction des risques ergonomiques. Le service santé, sécurité, environnement de l’entreprise s’est finalement approprié certains éléments de l’analyse Secafi, qui ont alimenté son plan d’action, assure James Annette. Hormis quelques frictions au départ, nous n’avons pas rencontré de véritable opposition, d’autant que le CHSCT s’est efforcé d’être un interlocuteur objectif de la direction, en apportant des éléments constructifs. »

De son côté, le laboratoire pharmaceutique ne fait aucun commentaire. Il faut dire que, si Evreux essuyait là son premier PSE, le groupe britannique continue, depuis, de réduire la voilure. En octobre 2009, il a ainsi annoncé une nouvelle suppression d’environ 500 postes touchant le siège social et, une nouvelle fois, les visiteurs médicaux de GSK France, à Marly-le-Roi. Dans le même temps, il a initié sur ce site un projet pilote d’aménagement de l’espace de travail, avec des bureaux semi-ouverts.

Perte de repères

De quoi inciter le CHSCT concerné à faire pleinement usage de ses prérogatives. « Depuis 2002, nous avons subi plusieurs réorganisations, justifient les membres du comité de Marly-le-Roi et des Ulis. Les salariés vivent dans un climat délétère et anxiogène avec perte de repères. Dans ce dernier plan social, un seul poste peut regrouper trois anciennes fonctions demandant des expertises différentes, ce qui rend les tâches encore plus difficiles. » Le CHSCT a, du coup, lancé deux expertises en parallèle : l’une auprès du cabinet Technologia pour l’aménagement des bureaux, l’autre auprès du cabinet Orseu pour l’évaluation de l’impact du nouveau PSE.

Ces initiatives ont permis d’identifier clairement les problèmes, d’avancer des contre-propositions et de peser dans les négociations avec la direction. « Dans le cadre de la restructuration, le comité central a pu repêcher une cinquantaine de postes, dont certains disparaîtront tout de même d’ici à un ou deux ans », illustre le CHSCT. Mais, selon ses membres, la direction n’a guère apprécié cette intrusion. Et, malgré un engagement de cette dernière, le CHSCT n’a pas été autorisé à intégrer la commission de suivi du PSE.

GSK FRANCE

• Activité : groupe pharmaceutique.

• Effectif : NC.

• Chiffre d’affaires 2009 : 1,29 milliard d’euros.

Auteur

  • HÉLÈNE TRUFFAUT