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Les pratiques

ÉTATS-UNIS Pitney Bowes aide ses salariés à faire face à la dépendance

Les pratiques | publié le : 12.10.2010 | CAROLINE TALBOT

A l’heure où la France réfléchit à un “cinquième pilier” de la Sécurité sociale, quelques grands groupes américains comme Pitney Bowes ont introduit le risque dépendance dans la couverture de leurs salariés.

Colette Cote Mayerhoeffer incarne la “génération sandwich”. Cette pimpante quadragénaire, salariée du groupe américain Pitney Bowes, a dû gérer en même temps deux impératifs : s’occuper de son fils de 11 ans et aider pendant plusieurs années son père mourant, atteint d’une leucémie. « Je suis une mère seule qui travaille, précise-t-elle : ces trois dernières années ont vraiment été pour moi comme des montagnes russes. »

Heureusement, son employeur Pitney Bowes (33 000 salariés dans le monde, spécialiste du traitement de courrier) se veut à la pointe des politiques de santé dans l’entreprise et peaufine depuis deux ans ses programmes d’aide à la dépendance.

Accompagnement

Colette Cote Mayerhoeffer a pu discuter avec les médecins de Pitney Bowes pour mieux comprendre le traitement de son père. Elle a été informée sur les moyens disponibles pour les patients : hospices, lieux de convalescence plus ou moins autonome… Et son employeur l’a abonnée aux services d’un réseau d’avocats qui l’a aidée à discuter de questions cruciales avec son père. « C’est le meilleur cadeau qu’on aie eu, dit-elle. On a eu le temps de parler ensemble de ses dernières volontés, de ses préférences en matière de traitement – mon père ne voulait pas d’acharnement thérapeutique. Et chaque fois que j’allais à l’hôpital, j’avais avec moi un dossier juridique expliquant ses décisions. » Colette Cote Mayerhoeffer, qui est attachée de presse, a aussi bénéficié de la flexibilité mise en place par son employeur en matière d’horaires et de lieu de travail. « J’avais mon blackberry à l’hôpital, explique-t-elle. Et quand je rentrais chez moi, peu importe l’heure, je pouvais le consulter à nouveau. »

Si elle est encore une pionnière de l’ensemble de ce dispositif chez Pitney Bowes, 6 000 autres salariés ont déjà ouvert le guide d’apprentissage édité par leur employeur pour mieux préparer la mort d’un proche. Autres facilités : la mise à disposition des services juridiques du cabinet Hyatt Legal – négocié par l’entreprise, le tarif ne dépasse pas 8 dollars par mois pour le salarié qui souhaite cadrer juridiquement la fin de vie et les vœux du malade –, des groupes de soutien et une ligne téléphonique dédiée.

La direction communique sur ce programme grâce à un portail intranet, des courriers envoyés à domicile et des affichages sur les lieux de travail. Et elle se dit prête à aider d’autres salariés… car, parmi ses troupes, les baby-boomers sont nombreux. Le Dr Brent Pawlecki, directeur médical du groupe, a d’ailleurs sondé 4 000 salariés américains de Pitney Bowes, pour découvrir que 20 % d’entre eux avaient déjà participé aux soins d’un membre âgé de la famille ou le font encore. Parmi eux, un tiers avaient moins de 40 ans et la moitié s’occupaient de plus d’une personne.

Utile aux salariés comme à l’employeur

Le réseau de soutien mis en place par Pitney Bowes paraît utile aussi bien aux salariés qu’à leur employeur : « 4 % des participants nous ont dit se préparer à nous quitter pour s’occuper de leur malade et 17 % ont avoué hésiter à le faire, ajoute le Dr Pawlecki. Un cinquième de la force de travail pourrait partir. Vous vous imaginez les coûts engendrés pour remplacer les salariés performants ? »

La direction de Pitney Bowes préfère accompagner ses salariés dans leur démarche. Et ce n’est qu’un début, assure Brent Pawlecki. Persuadé que ces kits de fin de vie, qu’on trouve aussi chez quelques pionniers comme General Electric, Pepsico ou IBM, seront de plus en plus connus et de plus en plus riches en informations. Le programme est inclus au titre des garanties de l’assurance santé et prévoyance des salariés, sans coût supplémentaire pour eux.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT