E & C : Mercer a publié le 4 octobre son enquête de rémunération France* 2010. Quelles en sont les principales conclusions ?

B. R. : En 2009, 21 % à 22 % des entreprises déclaraient leur volonté de geler les salaires. Contraintes de négocier, elles ont finalement été moins nombreuses (7 % à 12 %) à mettre en œuvre cette intention. En revanche, les budgets d’augmentation pratiqués cette année n’ont pas été aussi généreux qu’anticipé. Toutes catégories professionnelles confondues, le taux d’augmentation médian n’a atteint que 2 %, alors que les prévisions s’établissaient entre 2,5 % et 2,8 %.

E & C : La circonspection restera-t-elle de mise en 2011 ?

B. R. : La prudence demeure en effet. En fonction des catégories professionnelles, le gel des salaires reste une option pour 4 % à 7 % des entreprises. Même si ces estimations diminuent significativement par rapport à 2010, elles restent totalement en rupture par rapport aux pratiques observées sur la dernière décennie. Du côté des budgets d’augmentation, on note cependant un surcroît d’optimisme, avec un taux médian de 2,5 %. On reste toutefois bien en deçà du sacro-saint 3 %.

E & C : Comment les entreprises composent-elles avec ces enveloppes d’augmentation ainsi rognées ?

B. R. : Il ressort également de notre enquête que la part accordée aux augmentations individuelles - taux médian entre 1,5 % et 2 % - est désormais supérieure à celle des augmentations générales - taux médian entre 1,3 % et 1,5 %. Cette primauté aux augmentations individuelles a théoriquement permis d’éviter le saupoudrage et de renforcer la sélectivité dans l’attribution des augmentations dans une logique de gestion des talents. Il semble ainsi que la France rattrape le niveau d’individualisation des rémunérations en vigueur dans les entreprises anglo-saxonnes.