logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Les pratiques

La boulangerie à la chasse aux caries de ses salariés

Les pratiques | publié le : 07.09.2010 | LAURENT POILLOT

Le contrat de branche entre la profession et AG2R La Mondiale a été adapté pour lutter contre les caries d’origine professionnelle.

A bientôt 35 ans, il devra se faire remplacer 14 dents abîmées dans les trois années qui viennent. Cette confidence que lui a faite, il y a quelques mois, un formateur en boulangerie-pâtisserie est devenue, pour David Giovannuzzi, directeur des accords collectifs au pôle alimentaire du groupe AG2R La Mondiale, un exemple emblématique de risque pour les salariés de ce secteur, où la moyenne d’âge est de 32 ans. En 2007, cet assureur avait conclu un accord de branche de complémentaire santé de cinq ans avec la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française, assorti d’actions de prévention. Ses partenaires sociaux lui ont demandé de renouveler, au mois d’octobre prochain, son programme de prévention pour débusquer des affections qui se multiplient comme des petits pains. « Cette carie est très caractéristique parmi les métiers qui manipulent du sucre et de la farine – qui se transforme en glucose au contact de la salive, explique David Giovannuzzi. Elle attaque la base de la dent de manière indolore. Mais, sur un sujet fragilisé, elle va produire des dégâts redoutables au bout de quelques mois. »

Lors de la première campagne, d’octobre 2008 à fin mars 2009, plus de 90 000 salariés avaient été invités par courrier à se rendre chez leur dentiste pour un examen gratuit, financé par le régime. Plus de 8 500 d’entre eux se sont déplacés. En contrepartie, le dentiste devait retourner à l’assureur le questionnaire fourni par le patient. Pour garantir le projet, la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD) avait été associée aux réflexions, ainsi que la Sécurité sociale et le régime social des indépendants.

L’assureur a mis en évidence que 20 % des caries détectées étaient d’origine professionnelle, indique le directeur de la collective, et, dans 70 % des cas, la visite a donné lieu à un autre rendez-vous. Au mieux pour un détartrage, mais, dans plus de la moitié des cas, pour un soin conservateur. Et, une fois sur trois, le salarié a dû envisager la pose d’une prothèse.

De nouvelles garanties

Conséquence, « nous avons revu certaines garanties à la hausse », poursuit David Giovannuzzi. Par exemple, la prise en charge d’une pose d’implants définitifs, qui passe à 600 euros par acte chirurgical, soit près de 50 % du coût d’une pose. Pour l’implant lui-même (la couronne), le reste à charge est de 10 % pour le salarié.

Autre effet : la création d’une garantie en parodontologie (traitement des gencives), non remboursée par la Sécurité sociale, de 200 euros par an.

« Ces évolutions n’impacteront pas les cotisations », promet Michel Bressy, le président de la commission sociale de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française. Elles s’élèvent à 40 euros mensuels par salarié, dont la moitié supportée par l’employeur. « Il a fallu batailler pour imposer cette complémentaire santé à tous mais, au final, c’est une réussite. » Près de 3 000 des 32 000 employeurs s’étaient au départ opposés à une dépense “imposée par Paris”. La prochaine campagne va cibler 110 000 personnes.

Auteur

  • LAURENT POILLOT