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Les pratiques

Etats-UnisWal-Mart contraint de mieux rémunérer pour ouvrir en ville

Les pratiques | publié le : 07.09.2010 | CAROLINE TALBOT

Wal-Mart, n° 1 mondial des hypermarchés, revoit à la hausse ses salaires d’entrée pour pénétrer dans les grandes villes américaines. Mais les syndicats, exclus du groupe, jugent l’effort insuffisant. Beaucoup d’élus sont d’accord.

Le géant Wal-Mart a marqué des points récemment à Chicago en obtenant le feu vert de la ville pour y ouvrir plusieurs hypermarchés. Le groupe, créé en 1962 à Bentonville, en Arkansas, a d’abord assuré sa croissance en quadrillant la campagne américaine. Mais 4 300 magasins plus tard, il est de plus en plus difficile de trouver de bons emplacements ruraux. La direction de la chaîne Wal-Mart (405 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2009) fait donc les yeux doux aux maires des grandes villes. C’est pourquoi, au début de l’été, elle a accepté de revoir à la hausse ses minima à Chicago : le salaire horaire de départ est de 8,75 dollars et, avec un an d’ancienneté, il grimpe à 9,15 dollars puis à 9,35 dollars. Les politiciens de Chicago ont été convaincus.

De quoi séduire les autres villes ? Pas sûr. Depuis des années, la direction de Wal-Mart rêve de poser son drapeau à New York. Mais les élus locaux résistent. Et les syndicalistes du commerce de l’UFCW (United Food and Commercial Workers, Retail Wholesale and Department Store Union) applaudissent. Car la direction de Wal-Mart a toujours refusé l’entrée du syndicat dans ses murs et, sans interlocuteur de poids, elle peut imposer de petits salaires à ceux qu’elle appelle ses “associés”.

Salaires inférieurs à la moyenne pour les vendeurs

Sur “la grosse pomme”, assurent les syndicalistes, le salaire horaire de départ dans les magasins acceptant une force de travail syndiquée tourne plutôt autour de 12 dollars ; s’y ajoutent assurance santé et retraite. Bien plus qu’à Wal-Mart. Le site Wake up Wal-Mart, “Réveille-toi WalMart”, animé par les troupes de l’UFCW, tente de réfuter point par point l’argumentaire du numéro un mondial des hypermarchés. A Bentonville, on affiche le salaire moyen horaire d’un associé à plein temps à 11,75 dollars. Ce chiffre, explique Jennifer Stapleton, représentante de l’UFCW, reste 2,5 % en dessous de la moyenne de 12,04 dollars gagnés par un vendeur du commerce, selon les calculs réalisés par le Bureau of Labor Statistics, l’Insee américaine. Et il est bien inférieur à la paie d’un vendeur syndiqué à l’UFCW.

En Californie, souligne-t-on au syndicat, l’associé de Wal-Mart gagne 26 % de moins que son confrère syndiqué. Dans le Massachusetts, c’est 19 % de moins. « Ces dernières années, déclare Jennifer Stapleton, Wal-Mart a essayé de modifier son image de marque. Mais c’est plutôt dans le style qu’en substance. » Et d’expliquer les avantages négociés par l’UFCW dans les grandes surfaces concurrentes, Albertsons, Safeway, Giant, Kroger… : « Même si l’on démarre avec un salaire plus bas, on obtient une augmentation tous les six mois. Wal-Mart, de son côté, ne garantit rien. Et compte beaucoup sur le turn-over pour ne pas ajuster ses salaires à la hausse. »

Effort sur l’assurance santé

La direction du groupe a fait un effort sur l’assurance santé. Sa politique vis-à-vis des 1,4 million d’associés américains a longtemps laissé à désirer. Mais Wal-Mart a récemment changé son fusil d’épaule et a proposé à ses salariés à plein temps une assurance annuelle de 702 dollars pour une famille de 4 personnes. Là encore, objecte Jennifer Stapleton, la somme minimale à dépenser avant que les remboursements commencent reste importante : 4 400 dollars par an. Et le nouveau système ne couvre que 54 % des associés.

Autre ombre au tableau : l’égalité salariale. En 2001, 7 salariées ont lancé une plainte collective pour discrimination sexuelle. Elles ont accusé Wal-Mart de mieux promouvoir et rémunérer les hommes (26 % de plus que les femmes). L’enseigne semble avoir compris le message. Depuis cinq ans, les 50 000 cadres maison sont priés de mieux traiter femmes et minorités raciales : 15 % de leur bonus dépend de la satisfaction de ces nouveaux objectifs. Mais la poursuite judiciaire de ces salariées est toujours en cours. Et Wal-Mart risque de casser sa tirelire. La justice pourrait lui réclamer un bon milliard en dommages et intérêts.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT