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Un vrai statut pour les saisonniers

Enquête | publié le : 22.06.2010 | E. S.

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Un vrai statut pour les saisonniers

Crédit photo E. S.

Dans les centres de vacances qui accueillent les électriciens et gaziers et leurs familles, les salariés saisonniers bénéficient d’avantages négociés chaque année depuis 2005. Au cœur de cette démarche : des groupes d’expression et de concertation dans lesquels ils font remonter leurs problèmes.

La Caisse centrale d’activités sociales (CCAS) des industries électriques et gazières (IEG) n’est pas seulement le plus gros CE de France, c’est aussi l’employeur de 3 000 salariés permanents et de 3 200 saisonniers, affectés essentiellement dans les 113 centres de vacances familiales lui appartenant.

Remise à plat des conditions d’emploi

A la fin des années 1990, les membres du conseil d’administration de la CCAS (mandatés par les syndicats représentatifs des IEG) demande à un sociologue, Richard Dethyre, de faire l’état des lieux du travail des saisonniers au sein de l’entreprise, et d’élaborer des propositions pour réduire leur précarité. En arrière-plan, il s’agit de vérifier que les valeurs portées par la CCAS, organisme social et syndical, s’accordent avec les actes de la CCAS employeur.

En 2001, le sociologue rend ses conclusions (1). Lesquelles « confirment les écarts », raconte Karine Delpas, chef de projet à la direction de l’exploitation. Les saisonniers témoignent, par exemple, de pressions à la réembauche, de salaires versés en retard ou de la difficulté d’être en permanence en CDD. A la CCAS, on commence par « tomber de l’armoire », poursuit Karine Delpas, puis on décide de remettre à plat les conditions d’emploi des saisonniers. Quatre ans plus tard, un accord « relatif au personnel CDD de la CCAS » est signé. « Il confirme les critères d’embauche et de réembauche, et institue une vraie politique salariale », résume Karine Delpas. Les saisonniers bénéficient d’une prime d’ancienneté, d’un 13e mois, de la prime forfaitaire gaz et électricité que touchent les permanents, de l’accès aux activités sociales…

Une grille de salaire est définie, qui évolue au fil des renégociation annuelles. Car le statut du saisonnier s’est, depuis, enrichi. Notamment d’une charte du logement dans laquelle la CCAS s’engage à fournir un hébergement aux saisonniers recrutés hors du bassin d’emploi ; de la suppression du délai de carence en cas de maladie ou d’accident du travail, ou encore d’indemnités compensatrices de contraintes, liées au travail le week-end…

Déminer les problèmes

Au cœur de cette démarche, une instance originale, soufflée par Richard Dethyre en 2001, en réponse au sentiment de manque de reconnaissance qu’il avait alors perçu : les groupes d’expression et de concertation des saisonniers (Gecs). Depuis cette date, « 350 Gecs ont réuni 5 000 saisonniers, expose Hervé Farat, chargé de mission à la DRH. Ces réunions permettent de parler de conditions de travail, de rapports à la hiérarchie et font naître des revendications. Quatre Gecs ont lieu chaque année dans chaque territoire. Hors saison, nous faisons un contrat aux saisonniers pour qu’ils puissent y participer le jour prévu. » Bien sûr, « il a fallu que les saisonniers prennent confiance pour s’approprier le Gecs », ajoute Karine Delpas, qui y voit un « outil de management permettant d’impliquer les saisonniers dans le travail et de déminer les problèmes avant qu’ils ne dégénèrent en conflits ». Les syndicats de la CCAS ont dû, de leur côté, accepter ces lieux d’expression parfois perçus comme concurrents.

Pour l’avenir, des réflexions sont en cours pour proposer à certains saisonniers un CDI intermittent. Un groupe de travail handicap et saisonniers devrait également voir le jour. Mais les habitudes ont la vie dure : sur le terrain, reconnaît Karine Delpas, « les directions prennent parfois des décisions, comme des changements d’horaires, sans prendre en compte les conséquences sur le personnel saisonnier. La remise des documents obligatoires en fin de contrat ou les propositions d’embauche faites à J-60 ou J-180 ont du mal à être respectées ».

Malgré tout, la démarche est bel et bien ancrée, qui tend à gommer les différences entre permanents et saisonniers. Avec quelques raisons : « Près de 600 saisonniers sont fidélisés, souligne Hervé Farat. Pour 85 %, la CCAS est leur seul employeur. »

CAISSE CENTRALE D’ACTIVITÉS SOCIALES

• Activité : gestion des activités sociales des salariés des IEG.

• Effectif : 3 000 permanents et 3 200 saisonniers.

• Budget : 811 000 euros (avril 2007 décembre 2008).

(1) Présentées dans Avec les saisonniers, une expérience de transformation du travail dans le tourisme social, éd. La Dispute.

Auteur

  • E. S.