logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

« La crise économique oblige les entreprises à réintégrer la gestion de l'humain au coeur de leur stratégie »

Enquête | publié le : 04.05.2010 |

Image

« La crise économique oblige les entreprises à réintégrer la gestion de l'humain au coeur de leur stratégie »

Crédit photo

Jean-Christophe Sciberras, DRH France et directeur des relations sociales monde de Rhodia, également vice-président de l'ANDRH, réagit aux résultats de l'enquête Inergie-ANDRH-Entreprise & Carrières.

Les DRH se sentent largement associés à la stratégie de l'entreprise : 72 % le déclarent dans notre enquête exclusive. Il n'en n'a pas toujours été ainsi. Comment analysez-vous ce résultat ?

La fonction RH a été appelée à mettre en oeuvre, ces dernières années, un certain nombre de process et d'outils, par exemple pour le recrutement et pour l'évaluation, ou encore dans le cadre de l'implantation des systèmes informatiques RH (SIRH). A ce moment, certains DRH ont pu en effet avoir le sentiment que la fonction RH ne se trouvait pas au coeur des décisions.

La crise économique, avec ses réorganisations, mais aussi ce que j'appellerais la crise du stress, a obligé les entreprises à réintégrer la gestion de l'humain au coeur de leur stratégie. La question des risques psychosociaux oblige d'ailleurs la fonction RH à aller au-delà des outils : elle doit notamment alerter et prévenir.

Les DRH estiment à 85 % intervenir en soutien des managers. Ceux-ci sont soumis à une double pression, croissante, et de la hiérarchie et des collectifs de travail. Il est donc indispensable et stratégique de les aider à gérer cette évolution, pas seulement pour leur bien-être mais, fondamentalement, pour le bon fonctionnement de l'entreprise.

Un autre résultat de l'enquête est lui aussi très significatif : les DRH ont le sentiment, pour 73 % d'entre eux, d'intervenir également en soutien des salariés, ce qui n'est donc plus du seul ressort du management. La nécessité de prévenir a, par exemple, incité certaines entreprises à mettre en place des RH de proximité et à assurer la confidentialité des relations avec les collaborateurs. Certains dispositifs comme l'entretien de carrière sont aussi actionnés à la demande du salarié.

La crise économique semble à peine derrière nous, que déjà les DRH craignent la fuite des talents et entendent se mobiliser spécialement sur ce sujet, tout comme ils avaient commencé à le faire en période de croissance. Pourquoi, selon vous, cette exigence demeure-t-elle aujourd'hui dans leur agenda ?

La demande prioritaire adressée à la RH par ces clients internes que sont les managers est simple : «trouvez-moi la ressource compétente nécessaire pour atteindre les objectifs qui me sont assignés». Il est donc logique que l'attraction et la fidélisation des talents reste en tête de liste des tâches et des priorités de la fonction.

D'autre part, l'échantillon fait intervenir une proportion non négligeable de DRH d'entreprises internationales. Sur des marchés étrangers, sur lesquels elles s'implantent sans bénéficier d'un taux de reconnaissance particulier, la priorité est bien de trouver, de recruter et de conserver des collaborateurs compétents. D'autant plus que, dans les pays émergents notamment, la mobilité sur le marché du travail reste forte.

Autre priorité affichée par les DRH interrogés : la GPEC. Un ancien outil qui reste au goût du jour ?

La GPEC donne de la visibilité aux collaborateurs. Leur permettre d'inscrire leur travail dans la durée fait bien partie du coeur de métier de la fonction RH, d'autant que les entreprises ont traversé une zone de turbulences, durant laquelle les salariés peuvent facilement être saisis par le doute quant à leur avenir. La GPEC a donc un effet de réassurance ; elle contribue à répondre au besoin renforcé d'organisation de l'entreprise et à cet autre objectif, déterminant, que représente la fidélisation des collaborateurs. Elle semble ainsi sortir de ce corps de contraintes légales qui avait marqué les mises en oeuvre précédentes.

60 % des DRH ont l'intention de se mobiliser sur le dialogue social dans leur entreprise. A-t-il besoin d'être renforcé ?

GPEC et fidélisation des talents, mais aussi prévention des risques, emploi des seniors, réorganisations : ce sont des dossiers stratégiques, lourds et complexes à traiter, et qui nécessitent de négocier avec les partenaires sociaux. Les grands sujets appellent le dialogue social. C'est pourquoi, même s'il ne fait pas partie des fondamentaux de la fonction, il représente aujourd'hui, d'après les résultats de l'enquête, le premier sujet de mobilisation des DRH.